Fredericksburg, États-Unis, septembre 2008

Une fillette à genoux lui enserrait les jambes, suppliant : « Vous… Vous ne pouvez pas m’abattre comme un chien. »

Elle se penchait, caressait les longs cheveux de la petite en souriant et abaissait la gueule de son arme vers le front de l’enfant. Une détonation, sèche. Le corps léger était arraché d’elle sous la violence de l’impact, et s’affaissait au sol. Le sang dévalait sur le visage mort, aux yeux grands ouverts. Pourtant, la fillette répétait : « Vous ne pouvez pas m’abattre comme un chien. »

Elle tombait à genoux à son tour, abrutie de fatigue. Elle appuyait le canon du revolver sur sa tempe, sans trop savoir ce qui motivait son geste.

Une silhouette au loin tentait de la rejoindre, courait vers elle en agitant les bras. Nathan.

 

Diane Silver se réveilla en sursaut, son tee-shirt trempé de sueur collant à ses seins.

Elle inspira avec difficulté, tentant de calmer les battements anarchiques de son cœur.

Susan Brooks, son élimination, ne valait pas un cauchemar. Susan Brooks était une aberration malfaisante et très dangereuse qui ne méritait que la mort. Simplement.

La profileuse star du FBI se reprit, s’étonnant de ce rêve malsain et récurrent. Brooks avait hanté plusieurs de ses nuits. Pourquoi elle et jamais ce jeune cambrioleur défoncé que Diane avait aussi abattu ? Parce qu’il était armé et la menaçait, jusqu’à ce qu’il découvre son revolver ? Pourtant, elle ignorait au moment des faits qu’il avait déjà tué une femme dans des circonstances similaires. Pourtant, lorsqu’il avait voulu fuir, elle ne lui en avait pas laissé l’occasion. Il ne s’agissait plus de légitime défense. Pourquoi, alors, cela ne la hantait-il pas ? Diane n’en avait pas la moindre idée. En toute lucidité, en toute sincérité, elle n’éprouvait aucun remords. Dès qu’elle avait acquis la certitude que Richard Ford, le beau Rick, le massacreur de sa fille de onze ans, Leonor, avait bénéficié de la complicité d’une rabatteuse dévouée qui avait mené vers lui quinze fillettes, elle avait décidé d’abattre cette femme. Apprendre que Brooks était également une meurtrière d’enfant n’avait fait que conforter Diane Silver dans sa détermination.

Une hypothèse déplaisante l’effleura. Et si, au fond, Susan Brooks avait été son plus convaincant argument de survie ? Si, avant même qu’elle en arrive à la certitude de l’implication d’une rabatteuse, Diane avait senti que Ford n’aurait jamais été aussi « efficace » seul ? Si l’élimination de Brooks avait été un but tellement puissant qu’il avait occulté l’envie de mort de Diane ? Pas de mort, vraiment. De dissolution, plutôt. Devenir une particule de néant.

Diane hésita, conclut qu’elle ne se rendormirait jamais sans l’aide d’un autre somnifère. Trop tard. Elle passerait la matinée dans une espèce de torpeur désagréable. Elle se leva.

Elle descendit pieds nus vers la cuisine et alluma la cafetière, prête chaque soir. Préparer le café au lever lui paraissait au-dessus de ses forces. Elle s’appuya au long comptoir et tira une cigarette du paquet abandonné non loin de l’évier.

Elle était confrontée à un choix étrange, presque absurde : vivre ou ne plus vivre, la différence dans son cas étant devenue si ténue qu’une possibilité équivalait à l’autre.

Elle ne craignait pas la mort. Au demeurant, depuis douze ans, la mort était devenue sa vie. Au contraire de la plupart de ses confrères profileurs qui se lavaient de leurs vomitives fréquentations avec l’esprit meurtrier en s’émerveillant des plus infimes manifestations de la vie, Diane s’accommodait sans heurt de sa permanente cohabitation avec la mort. La mort épouvantable. Le supplice de Leonor, un supplice de presque quatre heures, avait ravagé jusqu’au moindre germe de vitalité en elle. Ne lui restait qu’une sorte d’obstination presque indépendante de sa volonté.

Elle se servit une tasse de café fumant. Vivre ou pas ? Adressée à elle, la question était inepte. Elle ne vivait pas vraiment. Elle continuait sur sa lancée, telle une mécanique bien huilée, un état ou son contraire lui étant indifférent.

Elle avala une gorgée de café brûlant. Exagérait-elle ? Se leurrait-elle ? Nous sommes programmés pour vouloir vivre. Une multitude de messagers chimiques nous incitent à la survie. Il faut toute la puissance d’un cerveau humain pour y renoncer, pour lutter contre ce fol appétit d’existence. Était-elle toujours atteinte par cette frénésie de persistance, sans même en être consciente ? Se berçait-elle d’illusions en songeant qu’elle ne mettait pas un terme définitif à son histoire uniquement par sens du devoir ? Le devoir de protéger des victimes qui ne savaient pas encore qu’un prédateur de la pire espèce - Homo sapiens – était sur leur trace, et qui ne le découvriraient que bien trop tard.

Diane Silver soupira en haussant les épaules. Assez avec ces questions ! Leurs réponses fluctuaient au gré de son humeur.

Elle opta pour un peu de perfidie, beaucoup plus amusante à quatre heures du matin qu’un volatile débat sur la vie et la mort. Elle imagina avec délices la tête que ferait Bob Pliskin, dit Bob la fouine, le secrétaire de leur directeur suicidé, lorsque Gary Mannschatz – un des deux agents qui travaillaient sur les enquêtes de la profileuse – pousserait vers lui son incriminant dossier. Mannschatz n’avait d’autre but que d’empêcher Pliskin de devenir le successeur d’Edmond Casney Jr à la tête de la base de Quantico. Bob la fouine s’envoyait en l’air depuis des années avec Linda Casney, la veuve. Très vilain ! Un gros scandale en perspective, de quoi faire rugir le père adoré de la belle Linda, le sénateur Murray, une ordure aux bonnes manières qui n’omettait jamais de remercier Dieu à chaque repas. De quoi casser les reins de Pliskin au-delà du réparable. Diane savoura cette perspective. Après tout, cher Bob lui avait assez savonné la planche depuis des années. Toutefois, il n’était pas assez intelligent, et se révélait bien trop prévisible pour venir à bout d’elle.

Edmond Casney Jr. Pourquoi avait-il franchi le pas en reliant le pot d’échappement à la portière de sa voiture ? Un méga ras-le-bol, avait diagnostiqué Mannschatz lorsqu’il avait prévenu Diane. L’interrogation de la profileuse était théorique. La mort de Casney lui était assez indifférente, autant que l’avait été sa vie, du moins lorsqu’il n’aidait pas son âme damnée de « cher Bob » à lui faire la peau. Aux yeux de Diane, Casney avait fini par devenir une sorte de dessin animé muet. Un petit personnage qui allait, venait, s’agitait sans qu’on se pose la moindre question sur ses mobiles, ses attentes, ses déceptions. Bref, une remuante inexistence. D’ailleurs, sans doute était-il mort de cela. De son inexistence. On peut vivre sans exister. Il convient toutefois de ne jamais s’en rendre compte.

Une sorte d’aigreur s’immisça dans ses réflexions. Pliskin, lui, existait et pour une seule raison : pourrir la vie des autres. Tous les monstrueux tordus qu’elle chassait existaient, et dans un seul but : massacrer leurs victimes. Pourquoi faut-il que ce soit ceux qui sécrètent la destruction et la mort qui nous ramènent à la certitude de la vie ? Ou alors, s’agissait-il d’une dérive propre à Diane ?

Yves. Le colonel Yves Guéguen, un défenseur acharné de la vie. Le grand flic français qu’elle avait formé au profilage lui manquait. Parfois. Elle n’avait pas répondu à ses derniers e-mails, de plus en plus insistants, pour ne pas dire comminatoires, se contentant d’expédier le reçu demandé. Une façon de montrer à Yves qu’elle ne souhaitait pas discuter avec lui. Il avait dû se lasser puisqu’elle était sans nouvelles depuis une semaine.

L’intelligence, la bienveillante insolence du flic français avaient séduit Diane. Elle avait toléré son approche. Il ne lui avait jamais posé de questions sur Leonor, sans doute parce qu’il connaissait les réponses. Yves, le seul à avoir compris qu’elle refusait de se défaire de son deuil, qu’elle en repoussait toute atténuation. La mort de sa fille, son calvaire, était devenue la vie de Diane.

Cependant, Yves n’approuverait jamais le choix de la profileuse. Un choix irrévocable, irréparable. Collaborer avec Nathan Hunter – autrement dit Rupert Teelaney troisième du nom, l’une des cinquante plus grosses fortunes de la planète. Aux yeux d’Yves, Nathan était un tueur psychopathe, l’un de ceux qu’avec Diane ils pourchassaient. Diane l’admettait : elle refusait de s’appesantir sur la véritable personnalité de Nathan. Justicier ou meurtrier jouissif en recherche de prétextes à ses jeux sanglants ? De fait, Nathan n’avait éliminé que des tueurs avérés ou en devenir. Un exécrable éclat de lucidité arrêta Diane : en était-elle certaine ? Nathan avait tué deux pédophiles violents, deux grands adolescents satanistes, dont l’un avait étouffé un bébé, l’autre s’apprêtant à suivre son exemple, et un étrangleur de putes. Il avait affirmé n’avoir partiellement écorché vives ses proies qu’afin d’attirer l’attention de la profileuse. Néanmoins, un doute tenace habitait Diane. Ainsi que l’avait souligné Mike Bard, le partenaire de Gary Mannschatz, un gouffre existait entre exécuter et torturer.

Elle reposa d’un geste sec sa tasse sur le comptoir. L’aube achevait de diluer la nuit. Elle avait besoin de Nathan, ce que n’admettrait jamais Yves, ni les deux super-flics qui travaillaient pour elle. Nathan possédait des moyens illimités qu’il rêvait de mettre au service de leurs chasses aux prédateurs. Il était dépourvu de tout vestige de crainte, de pitié, de remords vis-à-vis d’eux. Nathan ne redoutait ni les hommes ni les lois, sans doute parce que sa famille avait pris l’habitude de se situer au-dessus. Il était intelligent et implacable. En bref, il était l’atout qui avait manqué à Diane depuis le début de sa carrière de profileuse. Combien de tordus étaient passés entre les mailles du filet parce qu’un mandat de perquisition ou d’arrêt avait traîné, parce que les failles de la loi les servaient, parce qu’un avocat encore plus retors que ses confrères était parvenu à insinuer que la chaîne des indices avait été rompue, rendant toutes les preuves inutilisables, parce que, parce que… Combien d’autres victimes avaient-ils ensuite abandonnées le long de leurs sanglants parcours ?

Elle avait eu raison, même si cela revenait à perdre l’amitié d’Yves.

D’une monstrueuse façon, le martyre de Leonor avait simplifié la vie de Diane. Elle n’avait plus qu’un but : retirer les prédateurs du circuit. Ceux qui ne concouraient pas à cette unique préoccupation n’avaient nulle place dans sa vie.

Ces tordus jouissifs, violeurs, tortureurs, tueurs multirécidivistes ne devaient jamais retrouver la liberté, le plus souvent à cause d’un vice de procédure. Ils recommenceraient aussitôt à semer leurs carnages, le passé l’avait amplement prouvé. L’institution, la loi avait donné la preuve de ses failles à leur égard. À sa décharge, la loi avait été créée pour des humains commettant des crimes d’humains dans un moment de fureur, d’amour, de peur. Or, selon Diane, ces sujets n’étaient plus humains. Ne restait que l’enfermement à vie, pratiquement impossible, ou la mort, simplement.

Une mort clinique, sans vengeance, sans déballage de haine. Une élimination de protection pour leurs futures victimes. Une mort sans souffrance, même lorsqu’ils avaient aimé plus que tout l’infliger aux autres.

Yves, en croyant, en Français, s’accrochait à la possibilité d’un enfermement à perpétuité. Cher Yves. Les prisons étaient engorgées au-delà de l’acceptable. On y entassait de pauvres types qui n’avaient pas commis grand tort avec des psychopathes terriblement violents. On fermait les hôpitaux psychiatriques, remettant en liberté de vraies bombes à retardement, dont la seule excuse était d’être irresponsables, ce qui n’enlevait rien à l’horreur de leurs actes. Pas d’argent. Encore moins depuis qu’on avait dû filer des milliards à des banques, des banquiers, qui avaient lessivé nombre de leurs clients de leur retraite et de leurs économies d’une vie. Une remarquable construction : les impôts de ceux qui avaient été plumés servaient à payer les primes de ceux qui les avaient plumés.

 

La mort, simplement
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